En cette période bien particulière, on trouvait qu’on manquait un peu de positif… La CLIQC a donc décidé de mettre en lumière les gens d’ici! Artistes, humoristes, entrepreneurs, sportifs… Découvrez davantage avec nous ces personnalités en tous genre, qui agrémentent notre quotidien!

Aujourd’hui, nous vous présentons Yann Lemieux de Québec, artiste en arts visuels! Son art mettra assurément de la couleur à cette sombre période. 

 ——————— ENTREVUE ————————

Plus jeune, quel genre d’enfant étais-tu?
Selon mes parents, extrêmement curieux et surtout incouchable: je ne voulais jamais rien manquer. J’avais une imagination très, très débordante! Je me souviens que j’avais 1 objectif pour quand je serais grand: dessiner pour Disney.
À quel moment as-tu eu le déclic pour ton métier?
Vers la fin vingtaine, alors que j’occupais un poste de gestionnaire depuis près de 10 ans, je me suis mis à créer des peintures pour le plaisir le soir, pour remplacer la télé simplement. En voyant l’engouement que mes créations généraient sur les réseaux sociaux, ça m’a encouragé à pousser cette nouvelle passion au prochain niveau.
J’ai suivi des formations et fait du coaching pour démystifier le milieu des arts visuels, qui m’était totalement inconnu jusque là. J’ai ainsi réalisé toutes les possibilités qu’offrait cet écosystème singulier et j’ai eu la piqûre! J’étais plus que prêt pour une carrière où la créativité serait au premier plan, avec une liberté totale. J’ai retrouvé ce rêve que j’avais enfant, seulement un peu modifié: vivre de mon art.
 Quelle a été la réaction de tes parents, tes proches?
Sur le coup, ma famille et mes amis m’appuyaient en voyant que j’étais très sérieux et assidu dans mes démarches pour me lancer dans ma passion à 100%. Maintenant par contre, alors que ça fait 2 ans que je suis artiste à temps plein, plusieurs proches m’ont avoué qu’au départ, ils n’étais pas persuadés que j’y arriverais, que je pourrais en vivre. Ils ne remettaient pas en doute la qualité de mon travail. Je crois plutôt que c’est un domaine très méconnu et qu’il y a cette croyance très populaire (et erronée) qu’un artiste, c’est nécessairement pauvre.
Parle-moi de ton parcours ensuite?
Comme la plupart des entrepreneurs en démarrage d’entreprise, j’y ai investi tout mon temps et beaucoup d’argent. Je me suis inscrit à TOUTES les expositions et les événements que je voyais passer. Dans des restaurants, des commerces, symposiums et salon d’art à travers toute la province, des coucours, etc.
Au fil de ces expériences, j’ai eu un coup de coeur pour la peinture live en événementiel et je crois que c’est un peu rendu ma marque de commerce. J’adore créer devant les gens et échanger avec eux en même temps. Ça force à performer visuellement et chaque fois c’est une expérience mémorable. Ma technique et ma démarche artistique ont aussi beaucoup évolué dans cette phase d’essais-erreurs. Avec l’expérience, j’en suis venu à me faire pleinement confiance et à créer des peinture à mon image, pas dans le but premier de les vendre. Et ce sont celles-là qui ont le plus de succès!
Ta plus grande fierté jusqu’ici ?
Lors d’un événement privé au MNBAQ dans le Pavillon Pierre-Lassonde, j’ai exposé une série spéciale à saveur pop art et j’y ai réalisé une oeuvre en direct. Je me souviens vivement m’être dit: »Wow, je travaille en ce moment?! » Ça me semblait irréel de réaliser un tel mandat, aussi tôt dans ma nouvelle carrière. Ça peut paraître banal aussi, mais chaque fois que je vends une oeuvre, j’ai encore ce même  sentiment de satisfaction et de fierté qu’à mes débuts.
Nomme une ou plusieurs personnes qui t’ont inspirées durant ton parcours?
Tôt dans mon parcours, j’ai rencontré Annie Lévesque, artiste québécoise et propriétaire des galeries d’art Ni Vu Ni Cornu. Fonceuse et instigatrice, c’est elle qui m’a fait miroiter dès le départ que tout était possible! (Avec une structure solide et un plan clair pour arriver à ses fins.)
 Quelles embûches as-tu dû traverser pour te rendre où-tu es aujourd’hui?
C’est surtout des petits sacrifices au quotidien. J’habite dans mon atelier, littéralement.
Pas de salon, l’îlot de cuisine sert autant de table à manger qu’à vernir des tableaux. Avant ce n’était qu’une question d’économie. Maintenant, je ne pourrais faire autrement! Dès que j’ai une idée, je me lance sans attente. Mon art fait ainsi partie intégrante de ma vie.
C’est aussi énormément de temps à investir au profit de plusieurs activités avec les proches. Lorsque j’ai fait la transition de mon ancien emploi à celui-ci, j’ai diminué mes heures graduellement pour m’adapter. Pendant quelques années, c’était l’équivalent de 2 travails simultanément, à plus de 40 heures chacun.

Mais je ne m’en plains pas! Ça fait partie du jeu et il en vaut la chandelle. Je crois que de me lancer dans la trentaine, avec la maturité et un bon bagage de gestion m’a permis d’éviter bien des embûches. Le scénario aurait certainement été différent si j’avais tenté ma chance à 18 ans…

Que conseillerais-tu à quelqu’un qui aimerait faire ton métier?

Pour le faire comme je le fais en toute liberté, c’est à dire en s’occupant soi-même de sa promotion, de sa diffusion et de sa distribution sans galerie d’art ou association: de bien se former à tous les niveaux et rester à jour. Peinturer, c’est moins de 30% de ma semaine-type. La compatibilité, la présence sur le web, le matériel publicitaire, dénicher des opportunités, la sollicitation, etc. Être artiste, c’est d’occuper tous les postes d’une entreprise soi-même.

Enfin, ne pas se laisser décourager. Enfant et ado, j’ai entendu si souvent que c’était difficile et pas payant d’être artiste. Pourtant, c’est possible et oui on peut bien en vivre! Il faut le faire intelligemment par contre.

Dans le contexte actuel, comment fais-tu pour garder le moral et surtout, rester positif pour la suite?

Dans le quotidien, rester enfermé chez moi à peinturer ce n’est rien de bien nouveau! Je continue à le faire, en me disant que ça met de la couleur et un peu de bonheur sur les fils d’actualité. Car pour moi créer, ce n’est que ça, du bonheur. J’ai justement participé à ma façon au mouvement de solidarité #cavabienaller. J’ai créé 4 oeuvres avec des arc-en-ciels à ma sauce et je les ai exposées dans mes fenêtres. Il y a même un éclairage pour colorer la rue et envoyer du positif, de soir comme de jour!

Dans 10 ans, tu aimerais….

Je caresse le rêve de faire voyager mon art à l’international et que mes créations me fasse voir le monde! La situation actuelle avec le coronavirus me fait prendre conscience plus que jamais que si on veut vraiment quelque chose, il faut foncer sans attendre!