En librairie le 14 mars : La terre maternelle, aux éditions XYZ

– Dans le fond, si je comprends bien, un ingénieur forestier, c’est un peu comme un entraineur personnel, mais pour la forêt.
[…] Si j’étais un arbre, j’aurais des racines profondes qui n’en finissent pas de s’étendre, de s’étirer, de s’allonger comme pour retenir entre mes doigts la terre où je suis née. Je serais un de ces arbres de sylviculture, épargné par la coupe sélective. Un arbre qu’on évite de couper parce qu’on sait que ses samares ont le pouvoir de regénérer la forêt.

L’autrice Anne-Marie Turcotte revisite contes et légendes qui ont forgé son enfance au Bas-Saint-Laurent dans son tout premier roman La terre maternelle.

À la fin de son secondaire, Anne doit quitter son Témiscouata natal pour étudier en ville; aspirante enseignante comme sa mère et sa grand-mère avant elle. Elle étudiera à Rimouski, la grande ville. Cependant, chaque occasion est une bonne raison de revenir à la maison familiale. Anne est incapable d’étirer le temps loin de ses forêts et de son héritage. Habitée par une quête identitaire, elle part à la découverte des légendes qui ont façonné son histoire. La rivière qui ne gèle jamais. La résistance des draveurs. Le chemin de l’Arc-en-ciel pour apprendre à conduire. Les histoires de fond de rang et de la Brise-Culotte. Au fil des pages, Anne dessine une cartographie envoutante du folklore bas-laurentien avec sa plume minutieuse rythmée de l’argot régional.

Terroir bas-laurentien : entre fleuve et montagnes

[…] je me sens comme un érable à sucre transplanté en Floride. Dépaysée par la mer, toujours au loin. Dépossédée des régionalismes propres au Témis, je peux enfin glisser dans la conversation « towpath« , « réguine » ou « snicks« . Exprimer la « territ-oralité » tout l’été sans me faire regarder croche.

Roman du néoterroir à la forme hybride et aux références tantôt littéraires, tantôt populaires, La terre maternelle s’adresse aux nostalgiques ou aux curieux·euses qui souhaitent découvrir un territoire aux histoires plus grandes que nature. Dans ce premier roman, Anne-Marie Turcotte aborde avec finesse la question de l’héritage, surtout, mais aussi de la résistance linguistique, le tout avec une touche de réalisme magique. Il faut rappeler que le Diable rôde encore au Témis, là où la rivière ne gèle jamais.

Le roman donne un nouveau regard ce territoire du Québec souvent peu ou mal connu. Humblement, j’ai du chercher certaines villes pour mieux situer l’histoire. La narration familière rend ce territoire accessible à tous·tes. Il est également fascinant de voir une jeune voix qui cherche à rester connectée avec le lieu de son enfance et ses paysages plus grands que nature.

À propos d’Anne-Marie Turcotte
Fille d’un bûcheron et d’une enseignante, elle détient une maîtrise en création littéraire de l’UQAR. Dans son mémoire, elle s’est intéressée à la représentation du territoire régional dans des œuvres narratives brèves du néoterroir. Elle collabore en tant qu’évaluatrice de manuscrits aux services littéraires La Bonne Mine. Anne-Marie a publié quelques nouvelles dans les revues Caractère, Laïus et Le Témiscouata.