C’est hier soir, soit le 28 février, que la pièce de théâtre Far Away, une création du théâtre Blanc et du théâtre l’Escalouette, jouée par Ludger Beaulieu, Lise Castonguay et Noémie O’Farrell, a été présentée au Pavillon Pierre Lassonde.

La mise en scène par Édith Patenaude est bien construite. Elle est épurée. Alors que certains passages deviennent flous sous un rideau transparent derrière lequel les comédiens jouent, trois gros rectangles mobiles forment des décors différents selon les actes. Ce n’est toutefois pas ceux-ci qui captent l’attention, mais  le jeu des personnages. Le tout est curieux et on a envie de comprendre ce qui se passe, de décoder l’intrigue présente devant nos yeux.

Alors que trois moments de la vie de Joan se succèdent dans la pièce de théâtre, l’absurdité reste au cœur de cette pièce qui est interprétée différemment par chacun. On reste perplexe en sortant du théâtre avec des questionnements en tête et des pistes de réflexion.  Caryl Churchill, auteure dramatique reconnue, a fait naître Far Away lors d’une séance de workshops.

Les trois actes  

D’abord, Joan est en visite chez sa tante, elle n’arrive pas à ferme l’œil. Elle a aperçu son oncle commettre des atrocités que sa tante justifiera. Sous son regard vulnérable et ses yeux qui implorent des réponses, Joan se retrouvera au cœur d’un gros secret pour lequel elle prendra part sous l’influence de sa tante. Un moment de son enfance qui teintera sa vie à tout jamais.

Ensuite, Joan travaille dans une usine de chapeaux avec Todd. On se retrouve dans un monde corrompu dans lequel des condamnées à mort portent des chapeaux étranges. Le plus beau ira au musée alors que les autres seront brûlés avec les corps, car si l’on gardait tous les chapeaux, ils n’auraient plus de travail. Cet emploi est celui de rêve, mais il cache bien des secrets.

La parade sur les bruits agressants et les lumières flamboyantes se déroule devant les spectateurs. Certains indices  comme le port d’un pantalon tous identique et les chaînes apposées à leur cheville nous font comprendre quelle est la nature de ce défilé de chapeaux. Il faut dire que celle-ci est le moment d’action de la pièce. Elle dure assez longtemps pour avoir un impact considérable sur celui qui regarde. Les costumes sont originaux, farfelus et absurdes.

Dans le dernier acte, la guerre éclate. Les animaux, les hommes et les éléments y prennent part. Tout est mélangé. On ne différencie plus l’ennemi de l’allié. Est-ce que le crocodile est méchant ou gentil? Il est, lui aussi, source de discussion. Les cerfs, les Romains, les papillons le sont aussi.

Voilà donc une pièce qui n’est peut-être pas si loin de notre monde actuel et qui apporte l’individu à se questionner sur la société de 2017.

Il sera possible de voir la pièce à Québec au Musée national des beaux-arts jusqu’au 4 février.

(Crédit photo: Ulysse del Drago)