Karim Ouellet était en spectacle hier soir au Parc de la Francophonie. Il a offert une performance qui donnait accès à son imaginaire musical, presque féérique. J’ai eu la chance de m’entretenir avec lui, quelques heures avant sa performance.

Pour commencer, j’aimerais qu’on parle de ton style musical. Si on regarde ton site web, ça dit «Pop qui flirte du côté de la soul, du reggae, du rock, et de l’électronique avec une grâce clairsemée de désinvolture». Est-ce que c’est plus difficile de composer dans ce cas-là, puisque tu peux te diriger un peu n’importe où?

Non, au contraire parce que c’est spontané. Je ne me suis jamais posé la question : «Qu’elle genre de musique j’aimerais faire?» C’est arrivé comme ça, tout simplement. C’est plutôt du côté des magasins de musique et des gens qui travaille avec moi au label de s’arranger à trouver un nom pour ça!

Avec le début de ton projet solo, autour de 2011, ça s’est déroulé assez rapidement. Est-ce que c’est quelque chose qui est difficile à gérer, la popularité presque instantanée?

Avec Plume, pas du tout, parce qu’on a eu pleins de belles opportunités, mais ça pas été un succès énorme non plus, donc non je capotais pas avec ça. Avec Fox par exemple, je me disais que je sortais un deuxième album juste pour voir comme ça, parce que je n’étais pas certain de vouloir continuer à faire ça tous les jours. Je me disais «Si je sors un autre album et que ça réagit exactement comme Plume, c’est le fun on fait pleins de spectacles et on se balade, mais je n’ai pas fait énormément d’argent avec ça. J’allais toujours faire de la musique, mais des albums qui sont concentrés juste là-dessus, je sais plus trop. Je vais faire Fox parce que ça me tente, j’en ai envie.…»  Et ce succès-là était inattendu! Au début j’avais un peu de misère, je me suis rendu compte que je n’aimais pas ça me faire reconnaitre, je n’aimais pas ça avoir l’attention sur moi. Les premiers mois ç’a été un peu difficile, mais à force de le faire, je me suis habitué.

Donc là, ça se gère bien?

Je n’aimerais jamais ça me faire reconnaître à l’épicerie le matin, par exemple. Mais je vis bien avec. Je pourrais décider de ne pas faire de promo, de ne pas faire de clip, il y en a qui font de la musique en ermite comme ça, mais en même temps je veux vendre des albums, donc ce serait con.

Tu mentionnes souvent que les thèmes de tes chansons ne sont pas préétablis, que c’est avec tes sentiments. Est-ce que tu composes tes mélodies de la même manière?

Ça va dépendre des chansons. Des fois, j’en ai qui vont apparaitre dans ma tête, un peu par magie. Parfois, je chante ma chanson 10 fois avec plein de mélodies différentes et je prends celle que je trouve la meilleure. Je travaille dessus, je modifie au fur et à mesure, des fois avec une mission, pour trouver la meilleure mélodie au final.

Tu collabores souvent avec des artistes d’ici, comme Valaire et Claude Bégin. Est-ce que tu aurais quelques collaborations locales de rêve?

Philippe Bay, qui a été musicien avec Pierre Lapointe longtemps et il a sorti 2-3 albums solos. Pour le style, ça va dépendre de ses albums, c’est très folk acoustique. Il a un album où c’est guitare acoustique avec des samples de musique classique. Il a des tounes plus pop-rock un peu. Ariane Moffat avec qui on a fait pleins de spectacles, pleins de projets, mais jamais une toune sur un CD, j’aimerais ça. Je vais finir avec Kaytranada, le beatmaker de Laval, qui évolue partout dans le monde. C’est un génie. Lui j’aimerais beaucoup qu’on travaille ensemble.

Tu écris en français. Est-ce que c’est plus difficile pour toi que si tu écrivais en anglais?

Ça va dépendre pour qui, parce qu’il y en a plein qui le disent, mais moi si j’essaie d’écrire en anglais, je vais avoir beaucoup plus de misère qu’en français, alors pour moi, non. Mais c’est quelque chose qu’on entend très souvent, que composer en anglais c’est plus facile. J’imagine que pour plein de monde oui, mais pour moi non. J’y arriverais, mais je trouverais ça compliqué.

En tant qu’artiste, qu’est-ce que tu penses des plateformes de téléchargement et de streaming web au niveau musical?

Pour moi c’est un peu tout le monde fait ce qu’il veut. La musique, c’est plus ce que c’était. Il y en énormément qui sont encore dans ce que j’appelle le mood des années 90. Avant, on sortait un album, on faisait un lancement, plein de monde venaient et les gens allaient acheter l’album en magasin. Ils apprenaient l’album au complet. Là, ça fait longtemps que c’est plus ça. En 2011, à mon premier album, c’était déjà plus ça. Maintenant, quand t’achètes de la musique, tu peux acheter 3 chansons, t’es pas obligé de l’acheter au complet. Il est en streaming, tu peux l’écouter autant de fois que tu veux, c’est comme ça. Pis je sais que ça ne reviendra jamais comme avant. Je ne me mets pas dans la gang de ceux qui capotent avec ça, parce que c’est une belle perte d’énergie. Je trouve que c’est le moment en tant qu’artiste de s’arranger avec ça pis de trouver des nouvelles façons d’aller rejoindre le monde.

Quelles sont tes priorités afin de rejoindre le public, dans ce cas?

Les spectacles avant tout. Les autres façons on les pas encore trouvé, ça va prendre du temps. Mais je pense que d’ici fin 2017, on va trouver. Mon prochain album, tu vois, je sais qu’il ne va pas sortir comme il sort aujourd’hui, c’est-à-dire avec une date de sortie en magasin et une date de lancement. Je pense qu’on va se servir beaucoup d’internet.

 

À noter que Karim vient de lancer son album Trente en mars dernier. Si jamais vous désirez le voir sur scène le temps d’une chanson, il sera du côté de l’Impérial Bell le 17 juillet prochain au côté de Rednext Level.