J’ai l’impression que plus on vieillit, plus nos critères de recherche pour trouver l’homme parfait diminuent. Ça veut pas dire pour autant que c’est négatif. Au contraire, moins tu as l’impression que ton gars est parfait, moins il a de risque de te décevoir. Dans le fond, plus le temps passe, plus je me rends compte que c’est pas grave si mon chum gratte pas sa guitare après une game de hockey et après m’avoir fait rire au moins 8 fois dans les 10 dernières minutes.

J’ai jamais été en couple et maintenant je comprends pourquoi. Je cherchais depuis trop longtemps le gars parfait que je m’étais créé dans ma tête. Ou un gars comme mon père, mais dire ça à mon âge, c’est pu cute. Finalement, j’ai compris que c’était pas un gars parfait que je voulais. De toute façon, ironiquement, le pire défaut de ce gars-là serait justement d’être parfait. On se mentira pas à soir, quelqu’un de trop parfait ça gosse.

Avec tout ça, je me suis souvent demandée d’où venait l’expression « trouver chaussure à son pied ». Je me demande si cette phrase-là est arrivée avant ou après l’histoire de Cendrillon. Si le film est basé sur une expression, ça devient un peu cheap. Méchante drop Cendrillon. Une chance que Walt Disney a pas fait d’histoire autour de « venter à écorner les bœufs ». Un peu trash comme film. En tout cas, revenons à nos souliers. J’ai finalement compris l’expression. Chaque type de gars est relié à un type de chaussure.

  1. Le talon haut

Lui, c’est un peu comme ton trophée. Tu le trouves super beau, l’attirance physique est là, mais t’es pas véritablement bien avec, même si tu fais semblant. Tu passes une soirée au bar avec et à la fin t’es pu capable. Tu te demandes pourquoi tu as choisi ce soulier-là. Tu le regardes, tu le trouves encore beau donc tu le gardes en essayant de te convaincre qu’un jour, quand tu vas l’avoir porté souvent, il va devenir confortable. 

  1. La botte de marque

Lui, c’est ton fantasme. C’est celui que tu voudrais avoir, mais que t’en as pas les moyens ou il est «out of stock ». Ça veut pas dire que t’es cheap pour autant, mais même si tu l’essayes dans le 7, 7.5 ou le 8, y’a rien qui fait. C’est le soulier qui veut pas de toi. Ça arrive aussi que c’était la dernière paire et que quelqu’un d’autre les porte. On va pas se mentir, elles sont en demande ces bottes-là. Rendu là, y’a rien à faire. Tu dois l’oublier et passer à autre chose.

  1. Le converse

Lui, il est parfait. Il est aussi beau que confortable. Tu le sais qu’avec lui, la marche va être longue et sans douleur. C’est durable et il se porte dans toutes les occasions. Ce soulier-là, même quand il a l’air vieux, il est aussi parfait. La saleté qui s’accumule ou le trou dans le tissu qui se forme sur le côté à la longue témoignent du chemin parcouru avec lui et c’est tout aussi beau à voir.

  1. La pantoufle

Lui, il est confortable, mais tu veux pas vraiment le porter en public. Ça veut pas dire que tu l’aimes pas et que tu le garderas pas toute ta vie. Ça veut juste dire que sa principale qualité c’est d’être doux, mais pas nécessairement élégant. Quand il va se briser, tu vas le réparer plutôt que d’aller t’en acheter une autre paire. Tu l’aimes pour son intérieur et c’est tout ce qui compte.

Dans le fond, plus on vieillit, plus on se rend compte qu’on veut pu que nos souliers nous fassent des ampoules. Parce que dans la vie c’est pas toujours un simple plasteur derrière le talon qui va faire en sorte qu’on va être confortable ni des mouchoirs dans le bout du soulier pour faire semblant que cette chaussure-là nous fait.

Avec l’âge, on recherche pu simplement la beauté du soulier. On cherche le confort. Si tu veux une preuve, va faire un tour dans la garde-robe de ta mère. Elle, elle a compris.

souliers