Le retour de l’oie blanche donne envie de croire que les étoiles festoient davantage dans le ciel quand la vie se termine!

Après trois romans à succès, nous sommes tous tombés sous le charme de l’autrice Mélissa Perron. Dans ces premiers livres, elle nous présentait Fabienne, parlant ouvertement de dépression et d’autisme au féminin. Ici, avec Le retour de l’oie blanche, Mélissa Perron nous fait voyager dans un monde audacieux, au-delà des cieux!

Depuis 2019, l’autrice Mélissa Perron ne cesse de nous éblouir et de créer des petites pépites d’or littéraires. Parlez-en au site LesLibraires.ca, où Le retour de l’oie blanche arrive en troisième position des ventes du 12 août 2023, avant sa parution (Journée J’achète un livre québécois)! Précisons que Promets-moi un printemps, le premier roman de l’autrice, figure également dans ce palmarès (56e position)!

Mais revenons à nos oies, avant qu’elles décollent!

Will Forest, l’homme sans histoire… Vraiment?

Will Forest est un jeune homme élevé surtout par sa grand-mère, Tito. Sa mère, c’est Suzie. Jamais « maman ». Parce que les traits de Will rappellent à Suzie ceux de l’homme qui l’a violée. Très tôt, Will suit les traces de ses figures familiales : consommation, mauvaises fréquentations, misère, dysfonctionnement. Dans le logement aux allures de trips permanents, Will dort avec sa carabine à plomb et son couteau, ne sait-on jamais…

À 32 ans, Will s’est sorti de la misère. Il travaille au Café Laurent, cuisine même un sandwich à son nom. Il gagne plutôt bien sa vie, profite de son propre logement, mais jamais bien loin de Tito et Suzie; surtout de Tito, de qui il se croit redevable. Will a aussi un cercle d’amis, dont Lou, qui bouscule ses plus profondes convictions. C’est maintenant fait! Will parvient à faire un doigt d’honneur à la longue lignée familiale poquée. Enfin… jusqu’au 23 décembre… jusqu’au moment où son chemin croise celui d’une balle, dans la ruelle des Vieux Chats, derrière le logement familial.

Mais le roman ne fait que commencer, le protagoniste peut-il vraiment mourir si rapidement?

Will Forest, l’homme qui contrôle l’histoire!

Dès les premières pages, Will est présenté et l’autrice nous dresse un étoffé bilan de sa vie. De sa petite enfance à sa tentative de reprendre les études collégiales, on y découvre un Will qui tente de se tailler une place hors d’une famille dysfonctionnelle. Des Noëls à oublier, des voisins éméchés, Woodstock dans son salon, les souvenirs de Will sont loin d’être beaux. Sauf qu’une lumière s’immisce dans sa vie, quand il décide de la prendre en main. Mélissa Perron, avant de catapulter Will dans un autre univers, nous fait bien comprendre que nous avons droit à un personnage résilient.

Vivant un épisode de mort imminente, Will se retrouve entre deux mondes. Ou, devrais-je dire, dans un autre monde? Seule l’autrice sait réellement où atterit Forest. Au coeur d’une antichambre d’un au-delà parallèle (comprenez ici que j’essaie d’intégrer toutes les possibilités), Will deviendra maitre de destinées, ayant la responsabilité de choisir si une vie se poursuit ou s’arrête. Par la suite, ce sera les rêves qu’il créera, aux côtés de défunts, pour apaiser les survivants. Finalement, ce sera toujours aux côtés des attachants défunts rencontrés qu’il travaillera à envoyer des signaux sur Terre. À cheval entre la beauté de la vie et celle de la mort, Will contrôlera la suite des autres. Mais qui contrôle la sienne? Est-ce qu’il la contrôle lui-même ou est-elle contrôlée par l’énigmatique Claude?

Qu’en ai-je pensé?

Mélissa Perron est un diamant brut! Tout ce qui sort de sa tête, des mots aux dessins, se transforme en réussite et en victoire. Sur ces médias sociaux, elle présente, avec beaucoup d’humilité et de reconnaissance, ses victoires, ses coups de coeur, ses inspirations. Mélissa Perron, l’autrice, nous prouve que la littérature n’a pas de limite, qu’on peut tout y créer, tout y imaginer, qu’on peut parler de tout. Avec Fabienne, elle démystifiait la dépression, l’autisme au féminin, les secrets de famille. Avec le personnage de Will Forest, elle nous prouve que la vie est plus forte que la mort. Parler de mort imminente, de choix, de rêves, de signes, d’oies; c’est à la fois poétique et rassurant. Le roman de Mélissa Perron me donne envie de croire que les étoiles festoient davantage dans le ciel quand la vie se termine!

Le travail d’Hurtubise et de l’autrice est exceptionnel. On y retrouve une ligne directrice claire, des personnages bien construits. Le petit Jules, la mignonne Charlotte, la frustrante Suzie, Tito la militante, l’humoriste Claude, la résiliente Chloé Fiset, la belle Louisette et le précieux Laurent Dubois; seuls les mots de l’autrice parviennent à en décrire l’ampleur. En boni, un thème rarement abordé. Chapeau!

Avec doigté et sensibilité, Mélissa nous propose une vision de la mort remplie d’oies blanches, de lucioles (je n’étais pas prêt, elle m’a tiré quelques larmes), d’étoiles, mais surtout de rendez-vous!

Retrouvons-nous Fabienne des trois premiers romans de l’autrice? Pff! Il va falloir le lire pour le savoir. Chose certaine, ce n’est pas la suite du personnage auquel nous sommes tous attachés! Y en aura-t-il une? Pour ça, je ne le sais pas plus que vous!

Illustration de couverture : Marie-Ève Turgeon