Dernièrement, j’ai eu la chance de m’entretenir avec l’auteur Steve Laflamme pour la parution de son tout premier roman Le Chercheur d’âme aux Éditions de l’homme.

Steve Laflamme est tout d’abord un enseignant de littérature au Cégep de Sainte-Foy. Il y enseigne notamment un cours sur la littérature policière, un cours fort intéressant pour les élèves qui le suivent. Tout récemment, ce dernier nous livre son tout premier roman Le Chercheur d’âme. Celui-ci est un roman policier se basant dans la province de Québec. L’homme recherché est un tueur en série qui s’inspire de l’univers de la lutte pour faire ses victimes. Un enquêteur, Xavier Martel, tente de l’attraper avec plusieurs de ses collègues. Des scènes morbides, du sang, des meurtres : l’univers de ce roman est parfaitement décrit pour ce tout premier roman policier de la part de cet auteur. L’ambiance est lugubre et fortement intéressante.

Lors de l’entrevue avec l’auteur de ce roman, nous avons discuté de plusieurs aspects énormément captivants de l’histoire, mais aussi de la personne qu’est ce nouvel auteur dans le monde québécois. Steve Laflamme me racontait qu’il apprécie l’univers des romans policiers pour l’aspect psychologique derrière les personnages, pour la complexité de l’être humain, mais aussi pour l’épreuve cachée derrière un tel roman. «C’est un peu comme si tu me lances un défi : je vais vouloir essayer de le résoudre.» Il trouve fascinant que l’homme puisse se rendre à ce stade dans son développement. À quel moment un homme devient tueur en série? Plusieurs études montrent qu’il est totalement impossible de déterminer la cause exacte de ce «trouble». Un tueur en série peut avoir le plus beau passé possible, mais s’il est en quête d’émotions fortes, tuer peut être une de ses «solutions» pour assouvir ce désir. Reste que plusieurs hypothèses sont tout de même mises de l’avant. L’auteur s’est donc inspiré de cet univers morbide et sombre pour y décrire son personnage meurtrier dénommé le Chercheur d’âme dû à sa technique bien particulière de tuer ses victimes.

Steve Laflamme crée des personnages qui sont vraies, qui ont un passé vraisemblable et qui se tiennent. «C’t’un univers que j’aime, […], j’aime ça parler de crottés. J’aime ça parce que ça montre à quels extrêmes l’être humain est capable d’aller.» Et il sait très bien comment les décrire. Il sait créer un univers sombre, mais réaliste. Voilà une des raisons pourquoi l’histoire est basée au Québec. L’auteur, vivant à Québec depuis un certain temps déjà, connaît très bien la vieille Capitale : c’était une tâche facile pour ce dernier. D’ailleurs, il souhaitait prouver aux lecteurs de romans policiers que les tueurs en série ne sont pas simplement des histoires qui doivent se produire aux États-Unis. Le Canada et le Québec peuvent aussi être des endroits intéressants pour y faire évoluer un tueur recherché par la police, où vivent aussi des criminels. «Le lecteur a besoin de s’identifier aux personnages.» C’était important pour cet homme d’origine québécoise de créer des personnages provenant de la même origine pour apporter une touche de crédibilité, sinon il perçoit une certaine maladresse, une certaine situation clichée lorsque l’auteur s’imprègne d’une autre nationalité. «Pourquoi t’as besoin de situer ton personnage ailleurs? C’est comme si je voulais faire un party, mais que je le faisais pas chez nous, je le faisais ailleurs. J’trouve ça un peu bizarre.»

Pourquoi avoir choisi la lutte et non un autre sport? Pour l’auteur, la réponse était fort simple. Maintenant âgé de 42 ans, celui-ci a suivi cet univers une bonne partie de son enfance : c’est un sport qu’il regardait et appréciait. Aussi, Steve Laflamme veut montrer aux lecteurs que ce sport est loin de témoigner la réalité, qu’il nous montre ce qu’il veut nous montrer tout en cachant une énorme partie, un peu comme l’univers de la mode. «C’t’un univers de faux-semblant. On nous montre ce qu’on veut bien nous montrer.» L’auteur veut montrer qu’en coulisse de ce sport, il y a un univers très glauque, arrangé et violent. C’était un sport bien adapté pour le contexte de son roman qui est tout autant glauque et sombre. «Y’a beaucoup de choses pas belles qui se passent dans cet univers-là.» Il ajoute aussi : «C’est une forme de théâtre très primaire qui montre des émotions primaires et je trouvais ça fascinant de voir pourquoi en 2017 ça existe encore et pourquoi c’est aussi populaire.»

Steve Laflamme s’intéresse à l’univers des tueurs en série depuis 20-25 ans. Il se souvient encore de la première fois où un tel événement l’a marqué. C’était le jour de l’arrestation du tueur en série Jeffrey Dahmer, le cannibale de Milwaukee, en 1993. Il se souvient avoir découpé la page de l’article de journal et de l’avoir conservé sur sa commode dans sa chambre : il trouvait fascinant que des hommes puissent faire de telles choses. «Ça inquiétait bien gros ma mère. *rires*» Quelques années plus tard, un livre de Jacques Vergès qui abordait le thème de différents tueurs en séries est tombé dans les mains de M. Laflamme. Ce dernier s’est davantage intéressé à ce monde par la suite : il trouvait fascinant la complexité de l’âme humaine. «La raison pour laquelle il cherche est aussi intéressante, pour moi, que ce qu’il cherche.» Le pourquoi un homme passe à l’acte, comme un personnage en littérature, est plus intéressante que la réponse même pour l’auteur. Il aime connaître les motivations, qu’est-ce qui les pousse à agir de la sorte, tant pour les tueurs en série que pour les personnages qu’il crée dans son œuvre. «On sait qu’on ne naît pas tueur en série. Mais quels sont les facteurs qui vont faire de quelqu’un un tueur en série? Ça, on ne peut pas le savoir.»

L’auteur connaît très bien son sujet. Il possède de nombreuses connaissances générales lui permettant d’apporter une énorme crédibilité au roman. Voilà pourquoi il décrit autant les scènes de crime et la psychologie des personnages. «Pour un tueur en série, tout ce qu’il fait a une signification.» C’est pourquoi la lutte et sa théâtralité sont apportées avec brio dans cette histoire, ainsi que le personnage même du meurtrier. Steve Laflamme a instauré un contexte de vraisemblance dans lequel ses personnages évoluent. Tout est mis en œuvre pour que le lecteur ressente les émotions des personnages et qu’il se sente vivant aux travers de l’oeuvre.

D’ailleurs, l’auteur ne croit aucunement que la littérature policière fait partie de la paralittérature. «Il n’y a pas de mauvais genres, il y a des mauvaises œuvres. […] Une œuvre est bonne ou est mauvaise peu importe le genre.» Chose que j’appuie, puisque son roman, Le Chercheur d’âme, est un excellent livre même s’il fait partie du genre policier. L’histoire est captivante du début à la fin, les personnages sont bien détaillés. C’est une œuvre qui nous suit comme notre propre ombre lorsque nous le lisons par segments. On pense à ce qu’il arrivera aux personnages, à la finale, etc. C’est plaisant à lire, morbide, glauque, mais bien écrit, détaillé et surtout, divertissant.

Steve Laflamme est un homme de talent, il possède énormément de culture générale et il adore ce qu’il fait. Cela se ressent grandement dans ses écrits et en personne. Il est fier d’avoir publié son premier roman. «Je savoure chaque minute de tout ça.» C’est un rêve qu’il voulait réaliser depuis plusieurs années et maintenant que cela s’est produit, il a la piqûre. L’auteur est déjà en train de rédiger son deuxième roman et il en prévoit encore plus. «L’écriture c’est beaucoup de la séduction et de la manipulation. Tu dois réussir à séduire le lecteur, mais aussi à le manipuler.»

En secondaire 5, il avait demandé à son conseiller en orientation : «En quoi il faut étudier pour être écrivain?» À présent, il peut être fier de lui, car son roman est digne du monde littéraire. Il a maintenant accompli son rêve pour son bonheur, mais aussi pour les lecteurs qui auront envie d’en lire davantage. «Ça fait 27 ans que j’attends ça. J’ai travaillé pour et j’ai fait des choix parfois déchirants en fonction de ça.» Encore plusieurs projets sont sur la table pour cet auteur et il n’a pas peur de réaliser ses rêves.

Stephen King, Patrick Senécal. Deux auteurs qui vous disent probablement quelque chose. À mon avis, d’ici les prochaines années, le nom de Steve Laflamme sera probablement autant marquant que ces deux noms. À suivre!

Le roman Le Chercheur d’âme est disponible dans toutes les bonnes librairies. Vous pouvez aussi consulter la page Facebook de l’auteur en cliquant ici.

Crédit photo : Jacques Marotte