La pièce de théâtre documentaire Rose et la machine présentée jusqu’à samedi 4 mars au Diamant

À la suite d’un diagnostic de trouble du spectre de l’autisme (TSA) chez sa fille Rose, Maude Laurendeau cherche à comprendre et à soutenir sa fille. Elle réalise alors que les défis de la parentalité sont décuplés, multipliés par les difficultés qui se dressent devant elles. En 2019, l’actrice Maude Laurendeau rencontre la direction de Porte Parole pour parler de son projet : documenter les failles du système de santé, du système d’éducation pour en faire une pièce de théâtre documentaire. Avec lucidité et tendresse, Maude prend peu à peu conscience de ses propres limites!

Touchant, bouleversant, authentique

Accompagnée sur scène par la marraine de Rose, Julie Le Breton, Maude se pose des tonnes de questions. Comment aider sa fille tout en acceptant la différence? Comment apprendre de la différence? Quelle sera la place de Rose dans les machines « santé » et « éducation »? Rose et la machine, c’est l’histoire vécue par Maude Laurendeau. Elle nous permet de la suivre dans cette route parsemée de rencontres; professionnels de la santé, enseignants, éducateurs spécialisés, amis, parents, tous incarnés par Julie Le Breton.

Quand on pense au théâtre documentaire, la pièce « J’aime Hydro » de Christine Beaulieu nous vient souvent en tête. Cette fois, la pièce Rose et la machine propose de suivre l’actrice Maude Laurendeau dans son histoire, celle d’une mère de deux enfants, dont l’une est atteinte du TSA. TSA, ICI, CLSC, CRDI, CIUSSS, tant d’acronymes que la mère découvre au fil du temps, au fil d’embuches. Une lutte acharnée pour obtenir des réponses, de l’assistance, des ressources, de l’écoute, de l’aide. Une épopée loin d’être terminée!

Repenser le système, une case à la fois

La mise en scène d’Edith Patenaude est incroyable! Et tout est pensé pour bien représenter les propos importants. Au centre, il y a la maison de Rose, son point central, son lieu de réconfort. Tout autour, suivant un quadrillage précis, gravitent les 43 intervenants interprétés par Julie Le Breton, les lieux de discussions, de rendez-vous, de rencontres. Pendant deux heures, les actrices naviguent dans cet océan de lieux et de dialogues en empruntant que les traces au plancher; de belles références aux rigidités possiblement éprouvées par une personne ayant un diagnostic de TSA. Les modules sont à la fois ludiques, enfantins et imagés. Quoi de mieux qu’un bloc en angle pour représenter l’instabilité de certaines institutions de santé!

En dehors de ses échanges, Maude s’adresse directement au public. Elle nous questionne autant qu’elle se livre avec sensibilité et humanité. Puis vient un moment, à quelques minutes de la fin, où le public apprend que Julie est la belle-soeur de Maude, la marraine de la petite Rose. C’est comme si, d’une phrase, tout venait de basculer. La complicité des deux femmes sur scène, les échanges de regard entre les dialogues, les larmes versées: tout est d’autant plus réel!

Maude Laurendeau réussit à forcer le public à se rencontrer lui-même. Par des rencontres avec les autres, elle met de l’ordre dans ses propres deuils. Le public est confronté à une rencontre avec la neurodiversité. L’éloignement de la norme n’est pas une omission, un défaut, c’est une rencontre avec l’abondance et le bienêtre.

Une pièce qui m’a fait pleurer! Une pièce à voir si vous êtes, de près ou de loin, touché par le TSA, le système de l’éducationou celui de la santé.

Il reste encore quelques billets pour les représentations de ce soir (3 mars) à 19h30 et de samedi (4 mars) à 15h00. ICI : https://www.lediamant.ca/fr/programmation/rose-et-la-machine/

(C) Crédits photos : Maxime Côté