En cette période bien particulière, on trouvait qu’on manquait un peu de positif… La CLIQC a donc décidé de mettre en lumière les gens d’ici! Artistes, humoristes, entrepreneurs, sportifs… Découvrez davantage avec nous ces personnalités en tous genres, qui agrémentent notre quotidien!

Aujourd’hui, découvrez Yann Latouche, de Québec, œuvrant en organisation d’événements! Cumulant des centaines d’événements à son actif, Yann nous inspire par sa persévérance, sa créativité et son professionnalisme!

—————— ENTREVUE ——————

Plus jeune, quel genre d’enfant étais-tu?

Cheveux blonds, bouclés aux yeux bleus (oui, oui; j’ai déjà eu une coupe de cheveux!), enfant on me surnommait ‘’Le petit Saint-Jean Baptiste’’. J’étais réservé, colleux et pas très sûr de moi. D’ailleurs, si un jour vous me croisez en bermudas, vous remarquerez mes immenses mollets qui sont dus au fait que je marchais sur le bout des pieds jusqu’à l’âge d’environ 8 ans! Selon ma mère, j’ai toujours été généreux. Elle se plaît à raconter que lorsque j’avais 5 ans, elle m’avait donné une barre de chocolat et plutôt que de la garder pour moi, je l’ai séparée en 2 parts égales afin de pouvoir en donner la moitié à mon ami, plutôt que de lui en offrir seulement une bouchée.

À quel moment as-tu eu le déclic pour ton métier?

À la sortie de mon premier rave, lorsque j’avais 19 ans. J’avais aimé mon expérience mais je sentais que ça aurait pu être mieux, qu’il y avait plusieurs éléments à corriger et développer. 2 semaines plus tard, j’empruntais 1500$ d’une compagnie de crédit à taux élevé et je débutais l’organisation de mon premier événement de musique électronique.

Quelle a été la réaction de tes parents, tes proches?

Mon père m’a fait la baboune pendant presque 3 semaines loll! Il était clairement inquiet pour moi (et mes finances!) mais au fond de moi, je sentais que j’avais ce qu’il fallait pour réussir : La Passion! Même ma blonde de l’époque (avec qui j’ai rompu et qui est finalement devenue mon épouse 8 ans plus tard!) n’endossait pas ce soudain désir de faire danser les gens. Mais aujourd’hui, elle est ma plus grande fan et elle me supporte comme personne d’autre!

Parle-moi de ton parcours ensuite?

Parallèlement à l’organisation de nos événements (j’étais associé avec mon meilleur ami d’enfance), j’ai coproduit une émission de radio à CHYZ, vécu une modeste carrière de DJ (qui m’a permis entre autre de voyager de par le monde!), terminé mon DEC en sciences humaines (profil admin), fût copropriétaire d’un afterhours et finalement recruté par le fils du propriétaire du Dagobert, afin de faire la promotion d’une soirée hebdomadaire de musique électronique (Les jeudis Y faut qu’ça pompe grave!’’). 2 ans plus tard, je devenais gérant de plancher pour ensuite converger vers le marketing et finalement la direction générale (aux côtés du propriétaire). Je n’ai jamais compté le nombre d’événements que j’ai produits durant ma carrière, mais en comptant ceux du Dagobert, ça doit certainement frôler les 500!

Ta plus grande fierté jusqu’ici ?

Être le premier à avoir réussi à louer le Centre de Foires et le Centre des Congrès de Québec pour présenter des événements de musique électronique. Les chasses gardées bureaucratiques et publiques étaient très hermétiques et surtout, remplies de préjugés. Ça aura pris du temps, de la passion et beaucoup de sous pour les convaincre de nous donner notre chance. Mise à part la fois où l’une de nos structures d’éclairages motorisées a fait éclater une ligne de gicleurs au Centre des Congrès de Québec en 2002 (ohhhh làlà! Il mouillait encore plus que dans la scène d’ouverture du film ‘’Blade’! Ha haha!!!), nous avons toujours eu d’excellentes expériences qui nous ont permises de louer ces locaux à de multiples reprises par la suite.

Nomme une ou plusieurs personnes qui t’ont inspirées durant ton parcours?

Pour sa prestance, son parcours et l’intensité incomparable de ses prestations, je dirais le légendaire DJ Danny Tenaglia de New-York. Ce gars-là a performé aux côtés de Michael Jackson et Madonna au célèbre club ‘’Studio 54’’, tout autant qu’il a fait danser des millions d’amateurs de musique électronique à travers le monde.

Je voue également une grande admiration aux agriculteurs du Québec. Ils travaillent sans relâche sans se plaindre, plus souvent qu’autrement à des heures pas possibles! De plus, il maîtrisent à la perfection leur art, ce qui nous donne accès à des produits de qualité supérieure tout en alimentant notre fierté d’être québécois (non mais, sont-tu pas bons nos maïs, nos fraises et nos bleuets du Québec!).

Quelles embûches as-tu dû traverser pour te rendre où tu es aujourd’hui?

Dans mes débuts : L’acceptation sociale.

Les ‘’raves’’ et ‘’afterhours’’ ont longtemps eu une connotation presqu’entièrement associée à la consommation de drogues. Personnellement, j’importais des CD de musique électronique directement d’Europe alors que je n’avais que 12-13 ans (en 1990!). En me rendant à mes entraînements de natation, à l’école ou même en faisant du Rollerblade, je ne faisais qu’écouter de la musique électronique en boucle (ou quelques fois un bon Metallica, Offspring ou NOFX!). Lorsque j’ai cessé la natation et qu’un ami m’a amené dans un rave, j’ai tout de suite eu la piqure, mais pour les bonnes raisons : la musique, le rassemblement, l’unité et le plaisir sans contrainte. Le mouvement s’est démocratisé au fil des années et aujourd’hui, c’est accessible partout!
Que conseillerais-tu à quelqu’un qui aimerait faire ton métier?

Je conseillerais de ne pas laisser le rationnel étouffer la passion. L’événementiel est un champs d’expertise basé majoritairement sur l’humain, mais comme c’est un métier et que des risques financiers sont impliqués, les finances et la structure sont très importants. Il y a toujours un danger que nos enjeux financiers finissent par éteindre le feu passionnel qui nous anime. Il est dont prioritaire d’être entourés de ressources fiables et compétentes qui pourront participer aux prises de décisions tout en vous laissant de la latitude pour exprimer votre passion, votre créativité.

Dans le contexte actuel, comment fais-tu pour garder le moral et surtout, rester positif pour la suite?

Une des belles qualités des québécois, c’est la solidarité. En temps de crise, nous sommes tous enclins à nous entraider, nous supporter et ainsi créer de belles choses. Je profite de cette période pour passer du temps de qualité en famille, parfaire mes connaissances via diverses formations en ligne, donner du temps pour aider les plus démunis mais surtout, pour prendre du recul et enfin me donner la chance de tracer un nouveau chemin adapté aux nouvelles réalités. La vie va bougrement vite depuis quelques décennies. Un peu de repos forcé, malgré tout le négatif que ça entraîne, a quand même son lot de positif!

Dans 10 ans, tu aimerais….

Voir un gouvernement qui redonnerait de la marge de manœuvre à ses citoyens. Je trouve ça terriblement lourd d’être constamment materné et régit par un nombre incalculable de lois, règles et mesures. C’est contraignant, abrutissant et surtout très onéreux. J’éduque mon fils en lui démontrant l’importance de l’autonomie, de la compréhension des enjeux. Je le laisse faire des essais-erreurs car c’est comme ça qu’on apprend et surtout qu’on se sent vivant. Le Québec est pris dans une spirale de contrôle infini, simplement parce qu’on croit qu’en légiférant tout, nous pourrons contrôler tout. Et si dans un avenir rapproché, on se faisait confiance un peu plus? Et si au fond, les québécois n’étaient pas aussi bêtes qu’on semble vouloir nous le faire croire? Peut-être en serions-nous dignes, fiers et surtout moins pauvres! Cheeers!