Je pense que ça prend pas mal de guts pour demander à un chef d’antenne qui anime 5 heures de télévision en direct par jour s’il est possible passer la journée avec lui.

En tout cas, c’est ce que j’ai fait.

Le 12 mars à 9 h 30, j’ai écrit à Paul Larocque pour lui demander si je pouvais écrire sur sa carrière. Il a répondu à 9h31 avec un oui.

Deux jours plus tard, je l’accompagnais pendant une journée complète au travail, ce que j’ai établi par la suite comme la meilleure expérience de ma carrière de journaliste.

Si Paul est un homme de peu de mots par courriel, il ne l’est certainement pas en personne.

Sa voix est profonde, rassurante et autoritaire – tout comme celle que j’ai toujours associée aux bulletins de nouvelles.

Paul est un des chefs d’antenne de la chaîne d’informations LCN. Il travaille pour TVA depuis 1992 et a couvert certains des événements les plus importants de notre société québécoise, tels que la crise d’Oka et les deux référendums de 1980 et 1995.

Il est maintenant à l’animation de 100% Nouvelles et anime La Joute, une émission d’après-midi d’analyses politiques qui attire plus de 140 000 téléspectateurs par jour.

Nous nous étions arrangés pour nous rencontrer à 10 heures ; l’heure à laquelle il commence officiellement sa journée.

Je suis arrivé cinq minutes à l’avance. Il courrait partout pour être prêt pour sa première réunion de la journée.

Pour Paul, chaque minute compte. Il a quand même pris le temps de me montrer où je devais mettre mes affaires. À ce moment-là, je savais que nous aurions une journée très occupée.

 

C’est lors de ce premier meeting, où Paul a discuté de l’actualité du jour avec sa chef de pupitre, que j’ai compris qu’il n’était pas seulement un chef d’antenne.

Paul est un vrai leader, un homme qui a tant de connaissances, d’excellents contacts des talents de communicateur incroyable. Il a absolument tout ce qu’il faut pour être un journaliste hors pair.

 

S’il ne veut pas parler d’un certain sujet, ce ne sera pas dans le show. Il demande conseil, mais prend toujours la décision finale. Ceci s’applique aux réunions et quand il est en direct à la télévision. Ses 40 années d’expérience dans le domaine politique et des communications lui permettent.

Après une trentaine de minutes de planification de La Joute, Paul m’a amené à son bureau où nous avons parlé de son impressionnante carrière pendant une bonne heure.

« Alors, tu veux savoir quoi », m’a demandé Paul, sans savoir que j’aimerais savoir absolument tout sur son parcours.

La carrière journalistique de Paul a débuté lors du premier mandat de René Lévesque.

Pour situer les gens dans le temps, Paul ne parle pas de dates; il fait référence à des événements politiques.

« J’ai couvert beaucoup de politique, notamment en tant que correspondant à Québec. Ces années m’aident encore dans mon travail aujourd’hui. »

C’est quand je lui ai demandé quelle était la plus grosse erreur de sa carrière que Jean-Marc Léger et Pierre Bruneau sont arrivés à son bureau pour parler du dernier sondage du premier ministre.

Larocque a pris un moment hors de la conversation pour me regarder.

« Nous ne parlons pas seulement de politique à la télévision, nous en parlons tout le temps »

Il est passionné.

Quand les amis de Paul ont quitté la pièce, il a répondu à la question que j’avais posée auparavant.

De toute évidence, sa plus grande erreur de carrière est liée à la politique.

« J’ai déjà déclaré, en direct à la télévision, que la question nationale était officiellement réglée », a-t-il dit en riant.

Il est maintenant 12h30, mais je semble la seule un peu stressée du fait que 100% Nouvelles commence dans 30 minutes.

«Bon, on s’enva au maquillage», déclare Paul avec aucun enthousiasme. Il aime blaguer et tout le monde dans la bâtisse l’aime. Chaque fois qu’il entre dans une pièce, les gens sont heureux, même si c’est la salle de maquillage.

Paul est resté sur la chaise de maquillage que 4 minutes. «Je ne coûte pas beaucoup à l’entreprise». Du moins pas en sprinette et maquillage 😉

Paul est maintenant prêt pour la prochaine heure et demie de direct. Nous marchons vers le studio LCN. Il est tellement en contrôle que je me demande s’il est nerveux.

« Je serai toujours un peu nerveux. Je me sens comme les joueurs de hockey avant d’entrer sur la glace. C’est un bon sentiment », at-il déclaré.

Paul est un fan de hockey et de chasse ! Il a fait des références sur les deux activités beaucoup de fois au cours de notre journée.

Nous sommes maintenant à deux minutes du début de l’émission et Paul suggère que je regarde l’émission à un pied de lui, devant les caméras.

On a pris une dizaine de photos.

Je ne sais pas si c’est parce qu’il aime prendre des photos s’il savait que j’étais trop gênée pour demander. Je pense qu’un mélange des deux réponses serait juste.

Il est très attentionné. Envers tout le monde, tout le temps.

Pendant une heure et demie, il a présenté les nouvelles de la journée avec une grande assurance tout en fournissant des rapports précis centrés sur l’essentiel. Il a fait tout cela sans télésouffleur. Il n’en garde un seulement pour s’en «inspirer», comme il aime dire.

Paul sait vraiment ce qu’il fait. Il maîtrise son métier comme j’ai rarement vu.

Il est maintenant 14h30 et Paul a une petite pause avant que La Joute commence. Cette pause lui sert à tenir une dernière réunion de production.

Paul a une telle capacité à animer en direct.

Il aime connaître les sujets du jour à l’avance, mais ne se prépare pas trop. Il sait qu’il trouvera les mots justes sous la pression du direct.

Enfin, 15h arrive et Paul est prêt à animer deux heures supplémentaires de télévision.

À ses côtés, l’ancienne mairesse de Longueuil Caroline St-Hilaire et l’ancien chef du NPD Thomas Mulcair.

C’était une bonne émission ; ça l’est toujours.

La fin de la journée arrive et Paul ne semble pas du tout fatigué. Il aime son métier, beaucoup.

« Voulais-tu savoir autre chose ? », dit-il en s’asseyant et en posant les pieds sur son bureau.

«Je pense que ça va», ai-je répondu après lui avoir dit à quel point j’avais apprécié ma journée. Mais lui n’avait pas tout dit.

Après avoir passé sept heures ensemble, Paul a pris d’autres longues minutes avec moi pour parler de mes préoccupations en tant qu’analyste politique. Une autre preuve de la grande générosité de cet homme.

Si Paul aime s’inspirer des télésouffleurs pour faire de la télévision, j’ai été inspiré par son charisme, sa positivité et à quel point il est terre à terre.

C’est tellement cool pour une mini journaliste de passer une journée avec un si grand journaliste.

Je pense vraiment que, si un jour je couvre la politique à la télé, ce sera à cause de lui.