Un roman qui tombe à point pour la Journée mondiale de sensibilisation au deuil périnatal du 15 octobre!

Au Québec, c’est environ une grossesse sur cinq qui se solde par une fausse couche. L’autrice Claudia Turgeon propose ici un roman poignant qui nous plonge tête première dans un thème trop souvent tabou : le deuil périnatal. Avec réalisme, pudeur et sensibilité, elle raconte le parcours d’Émilie.

Perdre son bébé…

À vingt-et-une semaines de grossesse. Bouleversée par cette épreuve et rongée par la culpabilité, Émilie a l’impression de toucher le fond du baril. Et si, en allant mieux trop vite, elle en venait à oublier l’enfant qui, sans avoir vécu, avait bel et bien existé dans l’esprit et le cœur des siens? Les siens, Olivier, son papa, ainsi que Florence et Charlotte, ses deux sœurs. C’est à coup de longueurs dans la pisicine, de rencontres avec sa psy et grâce au soutien immuable de ses proches qu’Émilie acceptera de (re)prendre la vie, un pas à la fois. Et tout ça, en ayant le courage d’honorer la mémoire de son petit ange – sa libellule.

Quand le matin arrivait, j’étais frustrée de ne pas avoir avancé et, pire encore, parfois, je sentais que j’avais reculé. J’ai réalisé que le facteur temps n’a pas d’importance. Il faut prendre un élément de mon deuil à la fois et cheminer à mon rythme.

Prêt.e mentalement

Une grossesse sur cinq! En voyant la statistique, j’ai eu froid dans le dos. C’est énorme. Quand j’ai lu la quatrième de couverture du roman La libellule, je savais que c’était un roman que je devais lire. La seule question était : quand? Quand serais-je prêt à affronter un roman comme celui-ci qui touche un sujet si sensible? Quand serais-je prêt à suivre Émilie dans les étapes de son deuil? Quand serais-je prêt à affronter l’annonce du médecin? Les 302 pages du roman sont délicates, abordent également d’autres thèmes que le deuil périnatal. Sur ces pages, celles des chapitres 12 et 13 sont… décapantes!

J’étais bien assis sur mon divan, chaï d’automne à portée de main, quand j’ai entrepris ma lecture. Tout allait bien, à un rythme plutôt lent, jusqu’à ce que frappe sans avertissement ces deux chapitres. Vous dire qu’ils sont passés sans laisser de trace serait un mensonge. J’ai eu à déposer mon roman à quatre ou cinq reprises pour atteindre les mouchoirs et essuyer mes larmes! La plume de l’autrice est sensible, empathique, mais ne s’empêche pas d’aller dans les pensées crues et directes d’Émilie. C’est sans doute pourquoi il fait si mal de lire une telle histoire : elle se taille un chemin dans nos propres tripes.

Prêt à accueillir

Comme Émilie à la fin du roman, je pense que tous.tes les lecteur.e.s doivent être prêt.e.s à accueillir ces émotions pendant leur lecture. C’est triste, certes, choquant et déroutant même parfois. Sauf que c’est lumineux, c’est chaleureux et c’est empreint d’espoir! C’est un roman pour les parents endeuillés, pour l’entourage maladroit, pour les curieux.

L’autrice termine son roman en écrivant : « L’empathie, l’écoute et les muffins maison (mais pas que) font certainement partie des outils à utiliser auprès des parents endeuillés. » Nous sommes en apprentissage constant et je pense que c’est le message le plus important. Vous êtes normaux, vous serez maladroits et, surtout, vous n’êtes pas seuls.

À propos de Claudia Turgeon

La libellule est le premier roman de Claudia Turgeon. Elle est maman de trois enfants et chargée d’enseignement en médecine à l’Université Laval. C’est pour lever le voile sur cette question délicate et taboue, le deuil périnatal, qu’elle a pris la plume. Elle écrit pour ses trois filles et son ange parti trop tôt.