«… t’es tellement géniale Lapin», phrase tirée du roman qui le décrit à merveille.

448 pages à se laisser glisser dans un univers rebondissant de lapins peu bondissants, mais oh combien effrayant!

Quand Samantha accepte l’invitation à une soirée organisée par quatre filles un peu sinistres, elle plonge sans le savoir dans un monde inquiétant, entre le conte de fées et l’histoire d’horreur.

Ça, c’est inscrit au dos du roman. Une couverture simple, qui rappelle le vieux papier kraft, mais qui porte déjà à réflexions. Samantha étudie en littérature dans la prestigieuse université de Warren, dans une ville beaucoup moins prestigieuse. Dans sa cohorte, quatre Lapins. Quatre filles qui flottent sur la légèreté d’arômes sucrées, de désirs refoulés, s’appelant Lapin à tour de rôle. Lapin d’un côté. Lapin de l’autre côté. Samantha les juge, écrasée par l’aversion qu’elles possèdent envers ses filles trop tout; trop belle, trop riche, trop bonne, trop parfaite! Puis vient un moment où elles invitent Samatha à une soirée au Salon Salace. Et là, tout bascule. L’Œuvre se met en place. L’Atelier prend un autre sens. Le Corps explose, au sens figuré et au sens propre, jusqu’à imploser sur lui-même.

Couverture du roman de Mona Awad, traduction par Marie Frankland

Une intrigue qui prend son temps

Si le contexte est présenté rapidement, ce n’est pas le cas de l’intrigue. Ce roman en trois sections déboule d’actions et de suspense uniquement dans ses deux dernières portions. Et quand je dis « déboule », le mot est faible. L’humour et la magie, noir à leurs heures, se précipitent pour faire basculer Samantha sur la fine ligne qui sépare Alice d’Aliss (le conte pour enfant de Lewis Caroll du roman d’horreur de Patrick Senécal).

Ce roman, je lui attribue 4 ⭐️ sur 5. Pour son originalité, mais surtout parce qu’il m’a déstabilisé. Comme j’ai dit à mes élèves, je me suis surpris à plonger dans le bruissement des pas dans la Caverne, consentant. À croire que Samantha ne terminerait pas ses études aux côtés de filles glauques, fragilisée et blessée d’une chute d’un toît où prient les prêtres ratons laveurs.

Oh Lapin, dans l’expérimentation et l’élitisme du monde universitaire, comment réussis-tu, avec autant d’intelligence, d’horreur et d’humour, à nous faire craindre les lapins?

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Mona Awad est née à Montréal et vit présentement à Boston. La version originale de ce livre a été encensée, entre autres par Lena Dunham et Margaret Atwood, en plus d’avoir remporté le Ladies of Horror Fiction Award en 2019.