Le mouvement #Metoo s’invite au secondaire, dans la vie de Romane, qui pensait que c’était loin de son monde

Elle, c’est Romane. 16 ans. Sa vie bouillonne. Elle a l’impression que son crâne va exploser. D’abord, elle apprend que ses parents se séparent. Son père capote, sa mère se fait dorer la couenne dans le Sud avec son nouveau chum. Quant à Romane, elle doit s’occuper de son petit frère qui est full déstabilisé. Bref, c’est rushant.

Elle avait prévu passer une soirée relaxe avec Esteban pour se changer les idées. Avec son vieil ami, ils se font souvent des soirées emboucanées pour décrocher. Sauf que, ça ne s’est pas déroulé comme d’habitude. Il a profité d’elle alors qu’elle n’était pas en état de résister. Sur le coup, elle ne trouve pas ça si grave. Cependant, plus le temps avance et plus elle feel mal. Elle se sent à l’envers, fâchée contre lui. C’était son ami après tout, elle lui faisait confiance! Maintenant, que fait-elle?

Couverture par Anne-Julie Dudemaine

La délicatesse

Sophie Rondeau, l’autrice, est enseignante au secondaire, mère de quatre enfants. L’histoire qu’elle raconte ici est celle de Romane. Jeune fille du secondaire, bien dans sa peau d’élève de quatrième secondaire. Mais sa vie bascule rapidement. Les péripéties s’accumulent sur son état d’esprit affaibli par la rupture de ses parents, puis l’agression d’Esteban.

Ne jouons pas sur les mots, ce roman s’adresse aux adolescents, à leurs parents même. L’autrice, par la narration à la première personne qu’est Romane, nomme les choses tel qu’elles sont. Les émotions sont difficiles à identifier, c’est vrai. Les mots sont difficiles à trouver, encore plus vrai. À qui faire confiance? À qui en parler alors que tous semblent préoccuper par leurs petites affaires personnelles?

S’ouvrir, puis parler

Rapidement dans le roman, on plonge dans la tête de Romane. Ses états d’âme, ses réflexions, ses coups de coeur et ses coups de gueule. Puis vient un moment où, en tant que lecteur/lectrice, on voit un changement dans ses habitudes, dans son comportement ou dans ses façons d’être. Elle s’éloigne de sa meilleure amie (qui participe à un programme d’échange, ce qui n’aide pas), s’isole, cesse de lire.

Puis arrive un personnage tout sauf secondaire. L’ami d’un « ami ». Plus vieux, plus mature, il sera l’épaule qu’attendait Romane pour accepter et avancer. Accepter d’utiliser les vrais mots, accepter de faire face à ses difficultés. Et avancer vers la résolution de sa situation, vers le retour à l’acceptation d’elle-même, vers un avenir sans crainte de l’Autre.

Le phénix est un oiseau légendaire connu pour renaitre de ses cendres après s’être enflammé (vous n’avez qu’à penser à Fawkes, d’Albus Dumbledore). Avec « Moi aussi », Sophie Rondeau rappelle l’importance de la discussion dans ce processus de guérison. Mais surtout, dans un happy ending à deux voies, l’autrice et Romane nous rappellent qu’il faut dénoncer et vivre ses émotions pour renaitre de ses propres cendres après une dure épreuve.