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Après 3 ans d’absence, plus de 800 000 billets vendus à travers le monde, Rachid Badouri nous proposait ce soir la première (bien significative) de son spectacle “Les fleurs du tapis”, son 3e one-man-show en carrière. Un spectacle bien différent que tout ce qu’on a connu de lui, loin des artifices et plus humain, plus transparent et plus près de lui-même.

Le spectacle s’amorce sous les airs de Loud, qui a d’ailleurs conçu une chanson spécialement pour ce spectacle de Badouri. En introduction, il partage sa reconnaissance et son bonheur à être sur scène, ici au Québec. Non pas qu’il ne soit pas reconnaissant de son succès international, mais il a aborde plutôt avec humour les désagréments de la vie parisienne et de la vision des parisiens “qui s’attendent à voir un igloo à chaque coin de rue au Québec!”. À travers son numéro, on entend sa fierté; celle d’avoir réussi en tant qu’humoriste arabe au Québec malgré les extrémistes et les préjugés envers les ethnies. Alors qu’il parle de sa perpétuelle “campagne de séduction depuis le 11 septembre”, il partage avec humour son analyse des extrémistes aux “2 extrêmes”: ceux qui jugent et ceux qui justifient le jugement envers les arabes. Dans la même continuité, il partage ensuite sa jalousie envers les “latinos” et leur espagnol qui donnent à qui veut bien l’impression de se faire cruiser. “C’est le seul peuple qui peut parler de ses MTS et que ça sonne romantique!” Ses exemples sont de vrais délices pour les oreilles!

S’en suit ensuite un virage dans le spectacle, un virage dans lequel on découvre tranquillement un Rachid plus fragile, plus émotif et plus conscient des défis de la vie. Il parle de sa femme, du respect qu’il lui voue en tant que mère et en tant qu’éducatrice. Il dépeint avec beaucoup de caricature son accouchement, qu’il décrit comme une scène de crime qui impose le respect de l’homme envers la femme. Dans un discours plus personnel, il aborde son anxiété de père et les cours de MMA auxquels il a inscrit sa fille de 5 ans.

“Si ma fille va en prison parce qu’elle a tué son agresseur, je vais lui faire des biscuits Pillsbury chaque jour!”

On découvre au fil de spectacle ses peurs, ou ses vieux loups comme il le dit. Rachid Badouri raconte ainsi les fois où il s’est enfargé dans sa vie, dans cette vie où il était insupportable et “péteux de coche par excellence”. Il nous transporte ainsi avec lui “sous le tapis”, avec une magnifique humilité et beaucoup d’autodérision, dans des moments où il partage avec une grande honnêteté ses éclats et ses crises, bien éloignées du reflet lisse de l’image qu’il a toujours voulu projeter. Il parle de l’enfant roi qu’il était et qu’il a travaillé à changer, au risque de perdre tout ce qu’il avait. À travers ses histoires et son cheminement dans sa prise de conscience, nous pouvions sentir dans la salle un public touché et sensible par son histoire. C’est l’homme lui-même ému, dans un long moment de silence, que nous avons vu sur scène, alors qu’il évoquait l’ultimatum de sa femme. Impossible de ne pas sentir son mea-culpa, des plus honnêtes et humains.

Bien que son discours soit plus profond en 2e partie, n’ayez craintes, les rires ne se font pas rares! On entendait les gens (dont moi la première) rires aux larmes par le ridicule de ses histoires et de leurs démonstrations, bien physiques et caricaturées. Comme on les aimes!

«Mes orifices ont tout donné, comme à une journée portes ouvertes au cégep : tu vas chercher de l’info, pis tu sors.»

D’ailleurs, mention aux moments où il parle de ses multiples tests médicaux dont son toucher rectal de la prostate ou des injections de médicaments, c’était   du véritable bonbon! On peut donc dire que Rachid Badouri nous revient sur scène plus humain que jamais, avec une solidité et beaucoup d’aplomb sur scène. Au sommet de son art et dans sa meilleure version de lui-même, il est plus engagé dans son propos, inconditionnellement drôle mais aussi bien touchant. Peut-être que c’était une première pour lui, mais clairement le stand up comic dans sa plus simple version lui va comme un gant!

Soulignons qu’au terme de la soirée , un billet d’or a été remis à Badouri pour pour ses 63 000 billets vendus pour ce spectacle. Une belle surprise de la part de son équipe, dont son script-éditeur Laurent Paquin, et de sa famille, qui l’ont retrouvé sur scène pour l’occasion. Sachez que Rachid Badouri sera en spectacle à la Salle Albert-Rousseau jusqu’au 11 janvier, pour revenir en supplémentaire du 7 au 9 mai prochain!