20-22 : Alpha de Thierry Loa – Projection d’avenir à l’Anticafé
Par Alexis Lapointe
Crédit photo: Francesca Poli & Thierry Loa / 20-22.com
Un film d’art du cinéaste Thierry Loa, 20-22 : Alpha est venu rassembler une cinquantaine de personnes vendredi le 23 septembre dernier dans une salle de diffusion qui ouvre ses portes à l’Anticafé Montréal. La projection a été suivie par un débat convivial entre le réalisateur et le public. Portrait d’un cinéma conviant à la réflexion et au partage.
Première représentation cinématographique prenant place dans l’espace adjacent au café coopératif de la rue Sainte-Catherine Ouest, le film 20-22 : Alpha se fait propice à l’échange. Œuvre produite de façon indépendante, le film pose un regard poétique et critique sur le monde d’aujourd’hui. Paradoxalement, il s’agit d’un film reprenant les méthodes du cinéma le plus classique afin de mieux faire voir l’avenir. Variation sur le temps et sur la technologie, il interroge le quotidien pour mieux interpeller le spectateur.
C’est avec une caméra typique des années 1960 que Thierry Loa a produit ce film en noir et blanc, sans paroles. Mouvement urbain, centres commerciaux, transport en commun, gymnases, camps d’entraînement pour policiers… Autant de scènes de foule que le cinéaste et son équipe ont captées alors qu’ils voyageaient au Canada et aux États-Unis. L’énergie sociale et l’émotion de chacun y sont portées à leur paroxysme avec un rythme en saccades qu’accentue une musique aigüe. Un film aux accents apocalyptiques qu’on découvre un peu comme s’il s’agissait de la boîte noire de notre temps. On en sort l’esprit en transe et enclin à la philosophie.
« Mon travail s’inspire du cinéma pur, ce mouvement qui a pris naissance il y a un siècle. Des réalisateurs comme Dziga Vertov ou encore René Clair voulaient faire voir l’avenir et c’est aussi ce que je tente de faire, confie Thierry Loa. Je veux mettre en relation le présent et l’avenir. » Aux yeux de celui qui désigne la science-fiction comme une de ses inspirations fondamentales, le langage visuel parle de lui-même. Cela rend également son travail accessible au public de toutes cultures. Un souci essentiel pour le cinéaste, qui a récemment parcouru le Canada, les Etats-Unis et l’Europe afin de présenter 20 -22 : Alpha dans différents festivals. D’ailleurs, l’œuvre a été plusieurs fois primée – notamment en tant que sélection officielle au Chicago International Art House Film Festival. À chaque projection, le réalisateur est présent pour dialoguer avec le public.
Cinéma interactif
« Je veux créer une œuvre centrée sur le spectateur et c’est pourquoi je tiens à faire acte de présence, affirme Thierry Loa. Je ne définirais pas mon cinéma comme expérimental mais comme expérientiel », indique-t-il en soulignant qu’il s’adresse à un public de choix à l’Anticafé. « C’est vraiment intéressant comme espace et ce nouveau local représentait une belle occasion pour la projection, mentionne-t-il. [L’Anticafé] réunit des gens qui ont différents backgrounds et qui sont en recherche, des gens curieux et sensibles. » D’ailleurs, il s’agit d’une discussion de plus d’une heure qui a fait suite à la projection.
Ce projet cinématographique comporte un second volet, 20-22 : Oméga. Il verra le jour au début de l’année 2017. Un autre film du cinéaste, A Man and a Woman paraîtra lui aussi l’an prochain. « J’explore différents types de cinéma. Ce qui fait ma signature, je dirais que c’est l’invitation à la réflexion philosophique et à l’interaction», indique-t-il. Une vision qui s’arrime assurément bien à celle du café coopératif. Dans les deux cas, il s’agit de laisser place au partage et au lien humain.
http://www.20-22.com/index.html
Alexis Lapointe
Étudiant au Certificat en journalisme à l’Université de Montréal. Un parcours qu’il choisit afin d’approfondir son engagement envers les mots. Il collabore aussi en tant que rédacteur avec différents artistes en arts visuels pour la diffusion de leurs oeuvres.
