Deux comètes suivant le même trajet arrivent-elles forcément à la même destination?

Après le franc succès de ses premières publications, le lectorat de Marie-Christine Chartier attendait avec impatience la rentrée littéraire 2022. Tous se posaient les mêmes questions. Que pouvait offrir l’autrice après avoir fait paraitre L’allégorie des truites arc-en-ciel, Tout comme les tortues, Le sommeil des loutres et La floraison des nénuphars? Depuis mercredi, le 28 septembre, tous peuvent se délecter du nouveau roman En plein cœur de Saturne.

Élise est une illustratice créative, sensible et, aussi, très anxieuse. Elle est en couple depuis trois ans avec Félix, qui travaille en droit. Entre eux, ç’a été le coup de foudre instantané. Même s’il ne jure que par le sport, un univers opposé aux œuvres de sa blonde, et qu’il ne stresse pour rien, ils développent un amour profond. Jusqu’au jour où Félix demande une pause à Élise… Bouleversée, elle retourne vivre chez ses parents en banlieue de Montréal, alors qu’il retrouve sa famille dans le Bas-du-Fleuve. Chacun de leur côté, avec six heures de route entre eux, ils tentent de cerner les petites fissures devenues cratères dans leur couple. Et le temps éclaire peu à peu les origines de leur big bang. Tout ce qui gravite autour d’Élise, ses peurs, ses questionnements, ses incertitures, son anxiété avec un grand A; il semblerait que ce soit ça, les astres fragilisant leur couple.

Un break à défaut d’une rupture

Le cinquième roman de Marie-Christine Chartier, c’est l’histoire de Félix, qui n’arrive plus à imaginer un futur avec la fille dont il est éperdument amoureux. C’est également le récit d’Élise, qui se demande si elle doit changer sa nature pour sauver son couple. En fait, En plein cœur de Saturne, c’est une oeuvre sur les fragments qu’un couple s’efforce de faire tenir ensemble, avec l’amour comme centre gravitationnel, pendant que tout autour s’effondre.

L’anxiété avec un grand A

Ce « grand mal du siècle », tel qu’énoncé par plusieurs psychologues, se taille une place dans l’Œuvre de Marie-Christine Chartier. L’autrice parvient, à nouveau, à créer des personnages authentiques, bien ancrés dans le XXIe siècle; des personnages qui entrent dans les tourments de la vie adulte. Avec les truites 🐟 , c’était l’amincissement de la ligne entre l’amour et l’amitié. Avec les tortues 🐢 , ensuite, c’était les histoires d’amour qui se terminent, sans jamais se terminer. Avec les loutres 🦦 , troisième roman, Chartier proposait une histoire de guérison, à deux. L’an dernier, avec les fleurs de nénuphars 🌺 , l’autrice nous permettait de renouer avec les personnages de L’allégorie des truites arc-en-ciel en abordant cette fois leur vie de couple.

Quant l’anxiété s’immisce dans la vie de quelqu’un, à la naissance ou en grandissant, c’est tout son univers qui en subit les conséquences. Certains développent des astuces, pour diminuer cette anxiété. D’autres se tournent vers les services d’un professionnel. Chose certaine, peu importe le niveau d’anxiété, il finit, à un moment ou à un autre, par tout engloutir.

Les fissures qui élargissent

Félix est tout sauf stressé dans la vie; à l’extrémité opposée de l’univers d’Élise. Tellement qu’à un certain moment, après des milliers de questions, il vient qu’à ne plus distinguer les vraies questions des questions d’insécurité.

Parce que le jour où une personne que tu aimes commence à te soigner dans sa tête, tout ce que tu fais devient un symptôme. C’est ça qui s’est passé avec Félix, je crois. La moindre de mes questions devenait un signe d’anxiété, peu importe le contexte. Mes peurs, mes incertitudes ont pris le poids d’une maladie. Une fois qu’il m’a vue ainsi, il n’y avait plus de retour en arrière possible.

Élise ne se laisse pas définir par son anxiété. Elle ne veut pas laisser l’anxiété l’emporter sur elle. L’anxiété, c’est un des nombreux éléments qui définit ce qu’elle est. Mais, comme elle le dit, Félix ne semble voir que ça; ces astres qui gravitent autour d’elle. C’est sans malice, selon ma lecture, qu’il vient qu’à espérer sincèrement (et profondément) que sa blonde consulte pour qu’il puisse, lui, mieux atteindre son cœur à elle, son essence. Malheureusement, comme le dit Élise, est-ce être amoureux que d’avoir hâte que l’autre devienne quelqu’un d’autre? Peut-on réellement aimer Saturne sans ses ceintures?

L’image qui vaut mille mots ou mille maux?

Chaque roman de l’autrice possède un titre qui évoque plusieurs métaphores. Dès la sortie en prévente, le lectorat tentait de deviner la signification du titre En plein cœur de Saturne. Le cinquième roman ne fait pas exception, et je ne vous en révèlerai pas plus. J’ai déjà laissé de nombreux indices ici et là dans toute cette chronique.

Avec une Élise illustratrice, Marie-Christine Chartier en a profité pour faire appel à son amie Geneviève Andersen (@ge.andersen sur Instagram). L’autrice a inséré quatre illustrations, noir et blanc, dans son roman. Chacune d’elle représente Élise, vue par Élise, à différents moments dans l’histoire. Si cette œuvre a un rythme plus lent que Tout comme les tortues (qui se déroule en quelques heures), c’est pour permettre aux personnages de se questionner, d’analyser leurs états d’âme et d’avancer dans leur voyage intergalactique.

En plein cœur de Saturne, c’est un roman qui aborde les troubles anxieux et leurs impacts sur un couple. Mais surtout, c’est un roman rempli d’espoir, d’amour et de peurs surmontées. Un roman unique, authentique, empathique et comblant certains vides pouvant se créer dans le ciel étoilé d’un couple. En fait, En plein cœur de Saturne, je prédis que ce sera le cinquième best-seller interplanétaire de l’autrice, en autant de publications!

À propos de Marie-Christine Chartier

Marie-Christine Chartier est une passionnée d’écriture. Elle détient une maitrise en psychopédagogie à l’Université Laval, en plus d’être rédactrice pour différentes plateformes. On peut sans doute arrêter de la décrire comme une ancienne athlète de haut niveau, et plutôt la décrire comme une autrice de best-sellers et une humoriste à découvrir!