Un nouveau roman post-#MeToo pour François Leblanc

Je découvre l’auteur François Leblanc dans ce premier roman qu’il signe dans la collection Littérature d’Amérique chez Québec Amérique. Grand Chelem, publié à la fin août 2021, explore la culpabilité, mais aussi la rédemption. Et pas seulement de François B., psychothérapeute radié, mais aussi de plusieurs autres personnages!

Automne 2016

Novembre 2016, l’auteur-compositeur-interprète Leonard Cohen meurt dans son sommeil. À Montréal, un ordre professionnel vient de radier un de ses membres pour inconduite sexuelle, François B., protagoniste. Six mois. Une longue traversée, sans emploi, de son désert à lui : l’hiver québécois, souffrant du syndrome de Raynaud. Dans les semaines qui suivront, François cherchera à comprendre les motivations de son accusatrice, Bianca. Bianca, par la bande et sans l’avouer, semble même volontairement le suivre après sa radiation, multipliant les rencontres « fortuites » ici et là.

Il y a Mikaël aussi, jeune délinquant sexuel fraichement sorti de prison, épaulé par un programme de soutien. François se retrouve plongé, un peu malgré lui, dans les histoires impossibles de ce jeune. Que dire de Geneviève, la conjointe de François également psychothérapeute, qui tolère son alcoolisme, évite de parler de sa radiation, mais s’éloigne peu à peu?

François, le protagoniste, s’enfuira même à New York. Il y fuira l’hiver. Il y fuira la tempête provoquée par l’attaque au Centre Culturel Islamique de Québec. Sauf que, même à New York, devant un plat de dim sums, ce qu’il fuit le rattrapera!

Grand Chelem, par François

Sincèrement, je pense que la première autofiction que j’ai lue est celle d’Emma L. Maré, lue il y a quelques jours (voir « Un premier roman pour Emma L. Maré« ). Ma bibliothèque compte près de 300 ouvrages, ce n’est pas peu dire. Mais tomber sur une deuxième autofiction en si peu de temps? Ça frôle presque le miracle. Surtout qu’ici, François Leblanc pousse le principe à l’extrême.

L’autofiction est, rappelons-le, un récit d’événements de la vie de l’auteur raconté de façon plus ou moins romancée. Oui, mais… C’est aussi:

  • Un récit où le protagoniste porte le même prénom ou les mêmes initiales que l’auteur;
  • Un récit où le protagoniste est un auteur;
  • Un récit où la trame temporelle s’appuie sur la réalité.

Ici, François Leblanc utilise les trois! Son personnage principe porte le même prénom que lui. Il est également auteur, en cours de rédaction d’un sixième roman qui aura pour titre Grand Chelem (allô l’autofiction). Et tout se déroule dans une ville de Montréal ensevelie sous la neige de l’hiver 2016-2017 où, notamment, la St-Valentin avait effectivement offert une période de températures plus clémentes!

On a souvent en tête qu’un grand chelem, c’est le fait de remporter les quatre tournois majeurs au tennis, une même année. Dans ce roman, le grand chelem fait plutôt référence au coup de circuit frappé au baseball alors que tous les buts sont pleins. Parce que François B., protagoniste, est amateur de baseball!

Mais si c’était un Grand Chelem de l’autofiction? À vous de le lire!